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Une lettre à mon violeur
d’une femme de la République Démocratique du Congo.

 

 

 

Bonjour à toi, mon Violeur, mon Bourreau,

Tu devras savoir que je n’ai rien oublié et je n’oublierai jamais.

Tu feras semblant, mais si j’étais toi, j’aurai honte.

Tu seras toujours un homme sans cœur ni honneur.

Sache que je répare mon monde que tu as pu détruire en un clin d’œil par cette guerre par laquelle tu as profité pour détruire tout ce que j’ai de plus cher.

Les frères, les maris, les enfants, les familles se souviennent de ce moment où tu as abusé de leurs sœurs, femmes, filles. Tu m’as humilié, tu m’as terrorisé ainsi que mes proches ; tous ces cris, ces pleurs ne venaient pas seulement de moi. Je suis sûre que tu t’en souviens toi aussi.

Tu te souviens d’avoir détruit la vie de cette petite fille de 0 à 8 ans ? Elle a pleuré, elle a souffert, mais toi tu n’as pas arrêté ; tu as même mutilé son appareil génital ; je ne sais plus si tu peux t’appeler homme car pour moi tu n’as plus rien d’humain. Au fond de toi tu ne reconnais plus que la femme est sacrée.

Tu t’imagines que même après des années elles souffrent au fond d’elles ?

Je ne sais comment qualifier cette douleur insupportable, déchirante, épouvantable, torturante et difficilement consolable que tu m’as fait subir.

Il est arrivé que chaque minute, chaque heure soit un enfer.

Je ne pouvais plus rien faire, je pleurais, je m’isolais du monde ; ma vie ne tenait qu’à un fil qui pouvait lâcher à tout moment. Je me demandais toujours « qu’ai-je fait au monde pour mériter cela ? »

Il y avait toujours mille et une raisons de désespérer, mais la seule raison d’espérer était mon honneur. Au fond de ma douleur, je savais que j’étais meilleure que toi.

Je me demande souvent quelle place tu mérites dans ce monde ? Aucune. Tu n’as pas le droit d’exister.

Tu sauras que maintenant plus que jamais, je n’ai plus peur de toi, tu m’as donné le courage de te combattre. J’ai fait face à toute cette douleur que tu m’as infligée, j’ai quitté cet enfer dans lequel tu m’as laissé.

Contrairement à toi, je peux colorer mon monde de joie, de bonté, de justice et de paix car, je n’ai pas peur de revivre et de reconstruire ma vie.

Derrière mon courage et ma force, il y a eu une grande tristesse, une humiliation et un traumatisme profond suite à tout ce que tu m’as fait subir et à plus de trois millions de femmes dans mon pays. Nombreuses de tes victimes n’ont pas survécu, d’autres cependant vivent avec des maladies chroniques.

Pour moi, l’espoir n’était qu’une question de volonté, cette raison d’espérer était fragile, mais cette douleur m’a appris à me battre et m’a transformé en une personne forte et meilleure.
J’ai dès lors décidé de te faire face, tu sais que je me suis déjà battu pour récupérer ma fierté, mon honneur et ma force. Malgré la conjoncture de mon pays, je fais l’agriculture, l’élevage et le petit commerce. Je suis devenue une actrice active dans le développement de ma communauté malgré tous les obstacles.

Je me bats et je continuerai à me battre pour que plus jamais tu ne recommences, et si jamais un jour tu essayes de recommencer, je serai là à te barrer la route par tous les moyens légaux possibles.

 

 

Les opinions exprimées dans les contributions des survivants sont personnelles et ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Fondation Mukwege. Photo: Aerial View from North Kivu, UN Photo/Abel Kavanagh

 


The 16 Days of Activism campaign 2017:

During the international 16 Days of Activism against Gender-Based Violence Campaign, we are helping spread the message of survivors of sexual violence in conflict zones worldwide. They are members of a growing global movement to fight the use of rape as a weapon of war.

25 November: Statement by Dr Denis Mukwege

27 November: Message from Iraq

28 November: Call for support from Colombia

 

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