Je ne vous apprends rien en disant que les conflits ont des conséquences désastreuses sur les populations civiles, et tout particulièrement sur les femmes. Mon pays, la République Démocratique du Congo déchiré par plus de vingt ans de conflit, en est l’illustration. Moi-même, survivante de viol comme arme de guerre, en suis la démonstration.

 

Du moment que les victimes de ces conflits existent, elles sont donc inévitables, elles ne sont donc pas à abandonner à leur triste sort. En oubliant les survivantes témoignera de la part des organisations mondiales c’est une manque d’humanisme caractérisé d’un dépassement de soi pour la promotion des valeurs socio-humanitaires qui méritent d’être préservées.

Les survivantes de violences sexuelles doivent être placées au cœur de la lutte pour leurs droits, car mieux que quiconque elles savent ce qui leur est arrivé, comment les assister et comment prévenir de nouvelles générations d’être victimes à leur tour. Premières concernées par la guerre, nous, survivantes, devrions également être les premières impliquées dans les programmes de réponse et les processus de paix.

Cependant, pour être capable de faire entendre nos voix, il faut dans un premier temps que nous ayons accès à une prise en charge holistique de qualité, comprenant soins médicaux et psychosociaux, assistance juridique et programmes de réinsertion socioéconomique. Cette assistance doit être gratuite et facile d’accès à tous et toutes, elle doit aussi inclure les enfants issus du viol, victimes si souvent oubliées. Je ne me tiendrais pas ici devant vous sans l’aide reçue par l’hôpital Panzi et la Cité de la Joie qui m’ont permis de me remettre sur pieds et trouver ma voix. Des milliers d’hommes et femmes victimes dans mon pays n’ont pas eu cette même chance.

Au-delà de cela, nous survivantes réclamons également l’accès aux réparations. Qu’elles soient financières, symboliques, collectives ou individuelles, seules les réparations permettent de reconnaitre publiquement les crimes que nous avons subis et permettent ainsi aux survivantes de se réinsérer dans la société. Reconnaître les survivantes de violences sexuelles, c’est reconnaître le fait qu’il y ait des violences sexuelles et donc reconnaître la nécessité de les prévenir. Octroyer des réparations c’est dire aux bourreaux, à l’état, à la communauté internationale, que le viol a des conséquences.

J’en appelle aujourd’hui à votre compassion et à votre humanisme pour nous assister dans notre lutte contre ces violences ignobles qui détruisent les femmes, mais également toute leur famille et même leur communauté. Attention, je ne vous demande pas de parler en notre nom mais plutôt d’amplifier nos voix pour qu’enfin cesse l’utilisation du viol comme arme de guerre.

Que la conscience de chacun soi interpellée pour ne chaque fois agir que dans le bon sens et ce pour le bien-être de tous, surtout les plus vulnérables.

Je vous remercie

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