Le Mouvement des Survivant.e.s de Viols et Violences Sexuelles en RDC, la Fondation Mukwege, la Fondation Panzi RDC, la Fédération Mondiale Luthérienne et le Prix Right Livelihood ont soumis un rapport conjoint parallèle au rapport périodique du gouvernement de la RDC pour la 73e session du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF).

 

Ce rapport intitulé « La voix des survivant.e.s de violences sexuelles en temps de conflit » résume les préoccupations des cinq organisations  quant aux manquements de la RDC concernant la mise en œuvre de certaines des recommandations faites par le Comité de la CEDEF quant aux violences sexuelles lors du dernier cycle en 2013.

A propos du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF)

Le CEDEF est un organe du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme composé de 23 experts internationaux qui surveille la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. La RDC a ratifié la Convention en 1986 en vertu de laquelle, le pays s’est engagé à prendre toutes les mesures pour assurer l’égalité hommes-femmes.

 

L’importance de ce rapport vient de ce qu’il met la voix des survivant.e.s de viols et violences sexuelles en temps de conflit au cœur de l’analyse et des recommandations faites à la RDC. La représentation des survivantes permet non seulement d’orienter les débats vers des solutions pragmatiques répondant concrètement aux besoins exprimés, mais permet également l’empowerment des survivantes, finalement reconnues et écoutées. Le rapport se concentre sur trois thématiques en lien avec la persistance des violences sexuelles en RDC.

 

  1. La lutte contre l’impunité et l’accès aux réparations

Les viols et violences sexuelles continuent d’être commis en RDC de manière généralisée par toutes les parties du conflit et – fait alarmant – par un nombre croissant de civils sur un nombre croissant de mineurs, démontrant la banalisation du viol dans la société. L’Hôpital Panzi à Bukavu traite entre 1300 et 1900 femmes par an, et ce chiffre a même augmenté depuis 2016 avec de nombreux viols massifs rapportés. Pourtant l’impunité prévaut et porter plainte reste un défi de taille pour les survivantes. Par ailleurs, même dans les rares cas où les auteurs sont condamnés, elles ne reçoivent jamais de réparations, pourtant essentielles pour se reconstruire et réintégrer la société. Le rapport recommande ainsi la création d’un fonds de réparations et la poursuite systématique des auteurs.

 

  1. La prise en charge des victimes des violences sexuelles et des enfants issus du viol

L’accès à une bonne prise en charge – telle qu’offerte à l’Hôpital Panzi comprenant à la fois une assistance médicale, psychologique, juridique et socioéconomique – demeure rare. De nombreuses victimes, surtout en milieu rural, n’ont même pas accès aux soins médicaux de base. Beaucoup mettent au monde des enfants issus des viols, souvent rejetés par leur famille et leur communauté et appelés “enfants serpents”. Nous recommandons la création d’un programme de soutien holistique pour les victimes financé par l’État, incluant une assistance spéciale aux enfants issus du viol pour assurer leur insertion dans la société.

 

  1. La prévention de ces violences

Sous la pression de la communauté internationale, le précédent gouvernement de la RDC a mis en place des mesures sporadiques, comme la création d’une ligne téléphonique pour les victimes, ou la nomination d’une Représentante contre les violences sexuelles, en poste à Kinshasa. Cependant, ces mesures sont pour la plupart de simples annonces politiques et n’ont eu que très peu d’impact sur les victimes et n’ont pas prouvé avoir réduit le nombre de cas ou contribué à poursuivre davantage d’agresseurs. L’État doit lancer des campagnes de sensibilisation d’ampleur contre les préjugés et stéréotypes contribuant à entretenir les violences sexuelles avec des moyens appropriés pour toucher l’ensemble du territoire congolais.

 

Enfin, une des recommandations clés du rapport est la consultation systématique des survivant.e.s dans la conception, l’implémentation et l’évaluation de tous programmes les concernant, selon le principe “Rien sur nous sans nous”.

 Lisez tout le rapport ici.

 

 

 

 

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