Les survivantes de violences sexuelles demandent une reconnaissance et des réparations pour le préjudice qu’elles ont subi. Avec le soutien de la Fondation Mukwege, une délégation de femmes du Congo, de la Guinée, d’Irak et du Kosovo ont rencontré des ambassadrices.eurs cette semaine à Genève et participé à un évènement parallèle au Conseil des Droits Humains de l’ONU.

Oumou Barry, de Guinée, a été tabassée et violée lorsque les forces de sécurité ont attaqué une manifestation pacifique dans le stade de Conakry, la capitale du pays, en 2009. « Depuis que ces évènements se sont produits, nous n’avons reçu aucune aide du gouvernement. » Oumou déclare que le gouvernement n’assume pas sa responsabilité pour reconnaître ce qui s’est passé.

“Nous survivantes exigeons des réparations », a-t-elle déclaré lors d’un évènement à Genève qui était organisé par la Fondation Mukwege, le Conseil Coréen pour les Femmes Enrôlées par le Japon dans l’Esclavage Sexuel Militaire, et la Fondation pour la Justice et la Mémoire sur la Problématique de l’Esclavage Sexuel Militaire par le Japon.

Des formes symboliques de réparations, comme des excuses, ou des mesures pour garantir la non-répétition, sont importantes pour que les survivantes puissent surmonter leur passé.

La communauté internationale devrait faire davantage contre les violences sexuelles en temps de guerre, déclarent les survivantes

Des demandes similaires ont été formulées par des représentantes du Kosovo, d’Irak et de la République Démocratique du Congo. Vasfije Blair, du Kosovo, a expliqué qu’elle-même et les 20 000 autres survivantes de viols commis pendant la guerre n’ont reçu ni excuse ni reconnaissance du gouvernement Serbe, qu’elles tiennent pour responsable de ces atrocités. Fareeda Khalaf de la communauté Yezidi en Irak, qui a été réduite en esclavage et victime de violences sexuelles par Daech, a exhorté la communauté internationale à reconnaître les atrocités qui ont été commises contre son peuple, en tant que génocide.

Guillaumette Tsongo, une survivante des violences sexuelles généralisées en République Démocratique du Congo, a parlé des conséquences permanentes de ces violences sur les femmes ainsi que de leur besoin de soutien et de vérité pour mettre fin à la stigmatisation.

Les femmes ont demandé à la communauté internationale de faire pression sur les pays où les violences sexuelles ont lieu à grande échelle. Ayant stratégiquement lieu le 19 juin, Journée Internationale pour l’Elimination des Violences Sexuelles en Situations de Conflit, l’évènement a permis aux survivantes de partager leur histoire et d’interpeller les responsables politiques pour qu’ils.elles respectent leur engament à mettre fin aux violences sexuelles en situations de conflit.

Les survivantes de violences sexuelles rencontrent des ambassadrices.eurs

La délégation de survivantes a rencontré les ambassadrices.eurs du Canada, de la Finlande, de la Suède, et de la Norvège, ainsi que des représentant.e.s des gouvernements britannique et néerlandais.

Les survivantes, qui font partie du Réseau Mondial des Survivant.e.s, avaient une demande claire : la communauté internationale doit faire pression sur les pays où des violences sexuelles à grande échelle sont commises, et doit soutenir les survivantes au niveau mondial à travers un système alternatif de réparations.

La Fondation Mukwege continuera à les soutenir dans la réalisation de cette initiative et dans l’envoi d’un pacte aux gouvernements, qui contribuera à former un groupe d’Etats partageant la même vision et engagés à mettre fin aux violences sexuelles en zones de conflit.

Les survivantes de violences sexuelles sont inspirées par la lutte des « Femmes de Confort » asiatiques

Les survivantes des conflits d’aujourd’hui ont déclaré qu’elles étaient inspirées par la lutte menée depuis plus d’une décennie par les « femmes de confort » asiatiques, qui ont été maintenues en esclavage sexuel par l’Armée Impériale du Japon pendant la deuxième guerre mondiale. Le Conseil Coréen pour les Femmes Enrôlées par le Japon dans l’Esclavage Sexuel Militaire a partagé les témoignages de survivantes coréennes et philippines lors de l’évènement.

« C’est grâce à leur ténacité et leur courage que nous sommes ici aujourd’hui, » a déclaré Guillaumette Tsongo du Congo. « Elles ont ouvert la voie pour que les survivantes puissent briser la honte et obtenir justice. »

Le même jour, le mouvement des survivant.e.s de viol en RD Congo organisait une action à la Fondation Panzi. Presque 200 personnes, dont de nombreux partenaires associatifs et institutionnels, sont venues participer à cette journée lors de laquelle plusieurs survivantes ont partagé leur histoire. « Je rêve que un jour notre pays se lèvera et vivra pleinement des richesses ; que toutes les femmes et filles congolaises seront libre et en sécurité de circuler en toute quiétude dans leur pays ». Vous pouvez lire ici un article de presse sur cette célébration.

 

Toutes les photos : Michel Juvet

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